El gallit... ou gallina litteratura
El Gallit (ou la Gallina Litteratura)
En bonne poulette que je suis, je continue à picorer ça-et-là, afin de récolter des informations à même de nourrir notre grande réflexion sur la chicklit.
Après une incursion réussie, et régressive, du côté de la littérature adolescente, j’ai été faire un petit tour en Espagne et me suis plongée dans Amour, prozac et autres curiosités de la madrilène Lucia Etxebarria.
Sachez d’abord que j’ai tout à fait conscience de venir bien, bien longtemps après la bataille, le livre datant de 1999. Mais, il n’est jamais trop tard pour s’informer. D’autant que Lucia Extebarria est un auteur toujours en activité…
Mon expédition en royaume ibère fut loin d’être aussi heureuse que celle effectuée en royaume pré-pubère.
Au départ, le pitch est pourtant tout à fait rassurant : trois sœurs vivant à Madrid affrontent les vicissitudes de la féminité au XX ème siècle : travail, sexe, enfant, famille, marié, fiancé volage, et autres curiosités… Jusque-là, nous sommes en terrain connu. Rien de louche.
Et en effet, le roman de Lucia Extebarria se présente bien, très bien même. Une structure narrative un peu audacieuse (récit à la première personne, mais alternance de trois narrateurs - les trois sœurs), un style percutant et travaillé avec de belles phrases qui font échos. C’est séduisant, c’est flatteur pour la lectrice, qui soudain sent le fardeau de la culpabilité peser un peu moins lourd sur ses épaules : « Mais, Extebarria, cela ne rimerait pas avec Kundera ? »
Sauf que le roman privilégie la phrase choc et la prise de position à une véritable structure romanesque. Il ne raconte aucune histoire, il n’y a pas de début, pas de nœuds narratifs, pas de dénouements non plus. Ana, Rosa et Cristina, les trois sœurs se livrent à un bilan de leur existence.
Cristina est la rebelle un peu paumée. Bien sûr, elle travaille dans un bar, bien sûr elle fornique à tout-va. Parce que bien sûr, la vie dans un bureau ce n’est pas vraiment la vie.
Ana est la femme d’affaires de trente ans. Bien sûr, elle est désespérément seule, bien sûr, elle classe son placard à culottes par couleurs et vit dans un appartement avec baies vitrées et canapé noir. Et, bien sûr, elle a une conscience cynique et blasée de sa solitude et fait ce bilan de haute volée : « J’ai un modem à la place du cœur ».
Rosa est la Desesperate Housewife. Bien sûr, elle s’est mariée jeune, bien sûr, elle fait elle-même ses propres pots-pourris. Et bien sûr, elle ne comprend pas pourquoi elle s’effondre en larmes à la caisse du supermarché devant toutes ses camarades femmes au foyer du quartier.
Parce qu’il privilégie le bilan, le jugement moral et l’élaboration d’une thèse sur la femme moderne, Amour, prozac et autres curiosités tombe souvent dans le cliché et dans la caricature au détriment de l’émotion et du romanesque. Alors que pourtant, c’est un texte de qualité, assez émouvant parfois. Mais voilà, c’est un texte, pas un roman.
Justement, j'avais lu ce "roman" il y a déjà plusieurs années, et je n'avais pas adoré. D'ailleurs, je n'ai jamais eu envie de lire ses autres bouquins...
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