28/02/2012

Love Virtually (Quand souffle le vent du nord) de Daniel Glattauer

J'ai profité d'un séjour en Autriche pour découvrir cet auteur de là-bas. Mon niveau d'allemand ne me permettant pas de le lire dans sa langue maternelle, j'ai donc trouvé avec bonheur la traduction anglaise dont le titre, ô combien malheureux, pourrait facilement faire penser à un livre de Chick Lit.
Au détour de mes promenades dans cette belle ville qu'est Vienne, je vous avoue que mes visites des librairies étaient incroyablement frustrantes. Malgré mes longues années passées à étudier l'allemand, cette langue reste un mystère pour moi. Je baragouine, je me débrouille, je fais répéter inlassablement, et, au bout de dix jours, je parvenais à tenir une conversation, c'était déjà pas mal! J'étais donc aux anges quand une amie m'a fait découvrir la librairie Thalia, sur Mariahilferstrasse, et son rayon de livres en anglais. Nous avons échangé sur nos auteurs préférés (elle est, tout comme moi, une lectrice passionnée) et elle a insisté pour m'offrir ce roman, après s'être remise de son choc en apprenant que je n'avais jamais lu Daniel Glattauer. J'en avais entendu parler, certes, et dans des termes fort élogieux qui plus est...
Son nouveau roman était là-bas en tête de gondole dans toutes les librairies. Je me suis gardé ce roman bien au chaud pour le vol de retour et je l'ai dévoré en quelques heures. Ce fut un vrai coup de coeur.

Quand souffle le vent du nord est un roman épistolaire moderne. Deux inconnus, Leo et Emmi, entament une correspondance par hasard. Emmi souhaite résilier un abonnement au magazine Like et une faute de frappe va la mettre en relation avec le merveilleux Leo Leike. Dans les premiers mois, quelques mails sont échangés, et puis leur échange prend un tour bien plus romanesque. Toute cette histoire est amenée avec une grande subtilité. Ces deux-là ne se sont pas rencontrés sur Meetic, ils n'ont rien demandé, d'ailleurs Emmi est mariée et heureuse en ménage... Pourtant, au fil des jours, leur correspondance devient régulière. Ils décident de ne rien se dire de personnel afin de ne pas se révéler d'informations précises pouvant gâcher leurs rapports virtuels. Malgré cette résolution, leurs messages prennent rapidement un tour on ne peut plus personnel, voire franchement passionné (et passionnant, donc). Chacun tombe amoureux des mots de l'autre et de la personnalité qui émerge de cette forme de conversation. En effet, le fait de ne pas se voir "en vrai", de ne pas se connaître, fait tomber les barrières très vite. La question d'une rencontre, inéluctable, est forcément posée. Des stratagèmes sont trouvés, des rendez-vous donnés, puis manqués, ou pas...
Les deux personnages sont extrêmement attachants. Emmi, fougueuse, spontanée, laisse transparaître dans ses messages un caractère bien trempé. Elle est parfois énervante aussi, car elle ne cherche pas à cacher ses nombreux défauts. Au lieu de m'irriter, cela a fait d'elle, à mes yeux, un personnage extrêmement humain auquel on ne peut que s'identifier. Leo, quant à lui, est un homme formidable. Linguiste, il manie les mots avec une aisance et une poésie superbe. Plus raisonnable qu'Emmi, on voit néanmoins pointer un caractère tout aussi passionné dans ses messages alcoolisés... Et quelle beauté! Je défie toute lectrice de ne pas tomber amoureuse de Leo dans ces moments-là! Et quelle torture pour Emmi de ne pas succomber à la tentation d'envisager une toute autre vie avec lui, que celle qu'elle partage au quotidien avec son mari et ses enfants. Une rencontre, donc, paraît inéluctable, et c'est tout l'enjeu de la fin du roman. Et c'est également tout l'enjeu de ce livre. Sans voir l'autre, peut-on le connaître? Peut-on l'aimer, pour de vrai? Ou n'aime-t'on qu'un fantasme? Qu'une idée que l'on se fait de cette personne virtuelle? C'est en effet si facile, au travers du prisme des mots, de coller une identité fictive à cette personne qui n'existe dans notre vie que par des petits caractères noirs sur fond blanc... La réalité de la vie est-elle si ennuyeuse, au quotidien, que l'on ait besoin de s'échapper dans cette vie rêvée?

Un roman d'amour moderne, mais universel et magnifique. Les mots de Daniel Glattauer, au travers d'Emmi et Leo, sont magiques. Tout sonne juste. Il ne se passe pas grand chose, et pourtant, on est emporté dans ce bouleversement total dans la vie des deux héros. Une rencontre simple, subtile et vitale... C'est écrit avec une finesse remarquable. Daniel Glattauer en a également écrit une suite que je ne tarderais pas à lire. À toutes les âmes romantiques (et aux autres), je ne peux que le conseiller chaudement!


09/02/2012

Revenge: le nouveau guilty pleasure de la saison 2011-12



Peut-être pas la meilleure série de tous les temps, certes, mais un soap redoutablement efficace, sans aucun doute! Revenge, c'est un peu Melrose Place meets Kill Bill, si vous voulez une idée (en moins sanguinolent, quand même!).

Welcome to the Hamptons, ce petit bout de terre de la Côte Est des Etats-Unis où tous les Happy Few new-yorkais passent leurs vacances! Emily Thorne, alias Amanda Clarke (Emily Van Camp), y retourne après de longues années dans le but de se venger de ceux qui ont piégé son père, mort depuis en prison pour un crime qu'il n'a pas commis. Après avoir hérité d'un fortune colossale et disparu de la circulation pendant des années, elle réapparaît un jour et commence à mettre son plan à exécution. Les véritables coupables, le couple Grayson, règne en maître sur cette petite société très fermée. Emily doit donc d'abord se faire accepter de Victoria (Madeleine Stowe), la femme, et décide pour ce faire de séduire son fils, le beau Daniel. Victoria est une femme froide et manipulatrice, mais elle cache de lourds secrets, dont Emily semble tout savoir et dont elle va se servir pour arriver à ses fins. Elle veut faire souffrir les Grayson autant qu'ils ont fait souffrir son père, causant sa ruine et sa mort, alors qu'il était innocent. Elle est aidée dans ses machinations diaboliques par Nolan, jeune entrepreneur milliardaire dont le mentor n'était autre que le père d'Emily/Amanda, David Clarke (James Tupper), que l'on voit dans des flashbacks savamment distillés ça et là pour nous éclairer sur les événements du passé. Il y a aussi le séduisant Jack, ami et amoureux d'enfance de la jeune Amanda, propriétaire du rade local qui n'a rien à voir avec ce monde de faux semblants, Declan, son petit frère, amoureux de Charlotte Grayson, la jeune soeur de Daniel et fille de Victoria et Conrad, Ashley (Ashley Madekwe, Secret Diary of a Call-girl) qui travaille pour Victoria, etc...


Revenge, ça ne pourrait être qu'un soap de plus, mais c'est bien plus que cela! Mike Kelly a su créer un feuilleton aux rebondissements aussi multiples que surprenants et au potentiel hautement addictif. C'est étonnamment une très bonne série, très bien écrite, puisque les indices sont distillés au fur et à mesure, chaque épisode nous réserve son lot de rebondissements majeurs. Emily/Amanda est une héroïne aux multiples facettes, forte et pourtant meurtrie par la vie, intelligente et fine, machiavélique et froide, toujours capable d'anticiper la suite des événements, et pourtant, on tremble sans cesse pour elle, car elle n'est poussée que par l'instinct de la vengeance et semble par moments perdre de vue ce qui compte pourtant beaucoup pour elle: protéger ceux qu'elle aime des conséquences de sa vengeance. Car elle s'attaque aux puissants parmi les puissants et ils ne sont pas prêts à perdre si facilement leur part du gâteau! Emily/Amanda devra donc être assez forte pour se montrer à la hauteur de la tâche, mais elle est pleine de ressources et toujours capable de nous surprendre!


Vous l'aurez compris, cette série c'est un peu un coup de coeur, contre toute attente, d'ailleurs! Pas le genre de la maison mais tellement divertissante que l'on aurait tort de s'en priver...

Winter is coming... but the night is dark and full of terrors!


Désolée d'avoir disparu d'ici depuis un moment, panne d'inspiration, mais pas panne de lecture ni de visionnages en tous genres...
Comme je vous l'ai annoncé, je dévore en ce moment la saga de George RR Martin, A Song of Ice and Fire (Le Trône de Fer en français), et je me régale! Vous en avez sûrement entendu parler ces derniers temps, car cette gigantesque saga de fantasy a été adaptée en série par HBO, avec une fidélité remarquable! C'est donc, comme beaucoup de gens, suite à cette découverte que je me suis plongée dans ces romans.

GRRM (pour les intimes) est souvent comparé à un Tolkien des temps modernes, et cette comparaison n'a franchement rien d'abusif, même si les deux auteurs ont pourtant un style et un univers très différents. Le Trône de Fer nous plonge dans un univers médiéval sur lequel pèse une menace surnaturelle. Mais ceux qui sont allergiques au fantastique n'ont aucun souci à se faire. Westeros (le monde dans lequel se situe l'action) est un monde peuplé d'hommes et cette saga, c'est l'histoire des ambitions humaines et de la cruauté qu'elles entraînent. Westeros est un royaume divisé où les puissants et les autres sont prêts à tout pour prendre le pouvoir: meurtres, trahisons, complots, humiliations, violence et j'en passe... De dire que GRRM a créé un univers incroyablement riche serait même un euphémisme. L'histoire est à la fois complexe et universelle, mais c'est surtout une oeuvre de fiction passionnante et fascinante où tous les rebondissements sont possibles.

Cinq tomes sont déjà sortis en anglais, chacun composé d'environ mille pages, c'est donc un projet littéraire titanesque sur lequel l'auteur travaille depuis des années et des années. Il a annoncé sept tomes en tout, ce qui nous laisse encore de belles choses à espérer pour le futur. Pour l'instant, j'ai donc lu près de 3000 pages, puisque je suis en train de terminer le troisième tome, A Storm of Swords, considéré par les fans comme le meilleur des cinq romans publiés à ce jour, et je vais de surprise en surprise!
Les particularités de cette série sont multiples. Elle s'inscrit dans le genre de la fantasy, certes, mais elle se démarque des règles du genre par de nombreux aspects. Tout d'abord, la magie et le surnaturel n'y occupent qu'un rôle infime, les intrigues politiques et les aventures et déboires des différents protagonistes ayant la part belle de l'action. Chaque chapitre est raconté du point de vue d'un narrateur différent, et ils sont nombreux!
Je me sens d'ailleurs incapable de pitcher, alors je laisse le soin à Wikipédia:

Le Trône de fer se situe dans un univers rappelant l'Europe du Moyen Âge, excepté le fait que les saisons peuvent durer une dizaine d'années. L'intrigue se passe essentiellement sur le continent de Westeros, dans le royaume des Sept Couronnes, un pays dirigé par plusieurs grandes maisons (ou familles) dont une possède le pouvoir royal. Ces Maisons ont chacune leur propre domaine, leurs propres bannerets et leur propre blason, mais aussi leurs propres intérêts. Cela crée des interactions et des intrigues politiques riches et complexes. Parmi ces maisons, on peut citer les principales : la maison Stark, la maison Baratheon, la maison Lannister, la maison Targaryen, la maison Tully, la maison Greyjoy, la maison Arryn, la maison Tyrell et la maison Martell.
Au début de la saga, les Sept Couronnes sont dirigées par le roi Robert Baratheon, qui a renversé la dynastie des Targaryen quinze ans auparavant. Il propose à Eddard Stark, son ami et ancien compagnon d'armes lors de la rébellion contre les Targaryen, le poste de Main du roi (sorte de premier ministre), qui était précédemment occupé par Jon Arryn, mentor des deux hommes récemment décédé. Eddard Stark accepte à contrecœur l'offre du roi et quitte ses terres glacées du nord pour gagner la capitale, Port-Réal, où il se heurte à l'inimitié de la reine, Cersei Lannister, et aux intrigues de différents conseillers, et va découvrir que la mort de Jon Arryn n'était pas due à des causes naturelles.
Dans le même temps, le fils bâtard d'Eddard Stark, Jon Snow, rejoint la Garde de Nuit, un ordre dont la fonction est de veiller sur la frontière nord du royaume, protégée par un immense mur, au-delà de laquelle vivent des peuples sauvages. Très vite, Jon déjoue une tentative d'assassinat contre le Lord Commandant de la Garde de Nuit, tentative orchestrée par des créatures appelées les Autres que l'on croyait légendaires, et intègre une expédition chargée d'enquêter au-delà du mur sur les disparitions de plusieurs membres de la Garde de Nuit.
Et, sur le continent est, les deux derniers survivants de la maison Targaryen, le très instable Viserys et sa jeune sœur Daenerys, tentent de restaurer la grandeur passée de leur maison. Viserys arrange le mariage de sa sœur avec Drogo, chef d'une puissante horde de cavaliers nomades, afin de reconquérir les Sept Couronnes, mais sa folie cause sa perte. Daenerys, désormais ultime représentante de la maison Targaryen, va tenter de survivre au milieu d'un monde hostile, aidée en cela par la naissance miraculeuse de trois dragons, race qui était éteinte, venant d'œufs fossilisés lui ayant été donnés en cadeau de mariage.

Quel plaisir de se plonger dans un univers d'une telle richesse, de découvrir des personnages aussi variés et approfondis, de pouvoir lire, lire et lire tout en sachant qu'il nous reste des centaines voire des milliers de pages avant d'atteindre la fin! Je suis amoureuse de Jon Snow et je découvre avec terreur et émerveillement ce qui l'attend de l'autre côté du Mur, j'ai l'impression qu'Arya Stark est ma petite soeur et je tremble pour elle au fil de ses aventures, Sansa m'énerve par sa naïveté et pourtant je ne peux m'empêcher d'avoir pitié d'elle, je hais les Lannister mais en même temps je suis constamment surprise par Tyrion, le nain, et Jamie le chevalier... Seulement quelques personnages parmi tant d'autres dont je partage avec un ravissement non dissimulé les aventures. Rien n'est facile à Westeros et tout est toujours possible! 
La saison 2 de la série sera diffusée à partir du mois d'avril et elle est déjà attendue de pied ferme! En même temps, après une saison 1 aussi éblouissante, ce n'est pas étonnant...